L’Ambassadeur d’Algérie répond aux propos mensongers de l’ambassadeur du Maroc à Belgrade

Emboitant le pas à la presse marocaine, et animé sans doute du souci de rappeler ostensiblement son allégeance au Palais, l’ambassadeur du Maroc à Belgrade s’est écarté des usages diplomatiques et des règles de bienséance qu’exige sa fonction, pour participer dans un entretien à Politika paru le 24 juillet, à une campagne de propagande déclenchée dans son pays contre l’Algérie, usant de mensonges et de contre- vérités pour tromper l’opinion publique serbe.

Devant cette basse manœuvre qui vise à salir l’image de mon pays, j’ai estimé nécessaire de rappeler des faits qui contredisent les affirmations de l’ambassadeur du Maroc et démontrer le caractère fallacieux de ses propos.

1/ En ce qui concerne la question du Sahara Occidental, l’ambassadeur du Maroc fait référence à la résolution du Conseil de Sécurité RES/2468 dont il dénature aussi bien l’esprit que le texte.

D’abord, en usant du qualificatif trompeur de « Sahara marocain » contrairement au nom consacré de Sahara Occidental, stipulé dans toutes les résolutions des Nations Unies, il tente d’embarquer le lecteur dans une fausse piste. Le « Sahara Occidental » est l’appellation consacrée dans tous les textes et résolutions des organisations internationales y compris la résolution RES/2468.

2/ Le droit à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental que l’ambassadeur évite de citer, est bien inscrit dans le texte de la résolution RES/2468. Il constitue un droit imprescriptible des peuples sous domination coloniale et le fondement de la recherche d’une solution à ce conflit.

3/ L’affirmation par l’ambassadeur que le Conseil de Sécurité à pris en considération le plan marocain d’autonomie à l’exclusion de tout autre, est grossièrement fausse car les résolutions des Nations Unies citent également la proposition de règlement soumise par le Polisario.

L’ambassadeur du Maroc, dans son stratagème de tromper le lecteur, qualifie péjorativement le Polisario de « groupe armé » alors que la communauté internationale le considère comme le représentant du peuple sahraoui.

4/ Dans ce conflit, l’Algérie, Etat voisin, a participé, comme la Mauritanie, aux tables rondes organisées par les Nations Unies entre les deux parties au conflit, le Maroc et le Polisario. Désigner l’Algérie comme une partie au conflit est un raccourci facile que l’ambassadeur a utilisé pour travestir la réalité.

5/ La mauvaise foi est flagrante lorsque l’ambassadeur du Maroc accuse l’Algérie de détournement de l’aide humanitaire de l’Union européenne destinée aux réfugiés sahraouis en faisant référence à un rapport de l’Office européen contre la fraude de 2015, qui a été pourtant classé sans suite pour manque de sérieux. L’ambassadeur ne précise pas non plus, qu’il s’agit d’une initiative d’un quarteron de députés européens d’extrême droite, mené par une députée du Front National français dont les ressentiments envers l’Algérie sont connus. Il ne dit pas non plus que ces accusations ont été balayées par les responsables européens en charge de l’assistance humanitaire. De plus, pas une seule de la soixante d’ONG internationales humanitaires qui sont présentes dans les camps n’a rapporté  ces prétendus détournements qui n’existent que dans l’esprit des auteurs de cette grosse manipulation.

6/ S’agissant des accusations de violation des droits de l’homme dans les camps des réfugiés à Tindouf, je voudrais rappeler que ces populations ont fui la brutalité de l’occupation militaire marocaine. De plus, c’est bien le Maroc qui entrave l’action de la Mission des Nations Unies pour le Referendum au Sahara Occidental et s’oppose à l’élargissement du mandat de cette mission à la protection des Droits de l’Homme.

Les camps de réfugiés sahraouis en Algérie sont ouverts aux organismes de défense des droits de l’Homme et aux médias internationaux, alors que le territoire occupé du Sahara Occidental leur est fermé depuis longtemps.

7/ La grande supercherie que l’ambassadeur du Maroc tente de commercialiser en Serbie, c’est cet amalgame entretenu sciemment entre la question du Kosovo et celle de la question du Sahara Occidental.

Le Maroc exploite toutes les occasions pour souligner « la convergence de vues entre le Maroc et la Serbie sur le principe de respect de l’intégrité territoriale des Etats » en laissant croire que sous ce vocable, la Serbie soutient l’annexion du Sahara occidental par le Maroc. L’étudiant en première année de droit international sait que le concept d’intégrité territoriale est lié à celui des frontières internationalement reconnues. Or les frontières internationalement reconnues du Maroc n’englobent pas le Sahara occidental, alors que le Kosovo est partie intégrante de la Serbie. Il suffit de consulter une carte politique des Etats du monde dans un manuel scolaire pour se rendre compte de cette fumisterie.

Il est triste à constater que l’ambassadeur du Maroc utilise les colonnes d’un quotidien serbe pour transposer dans ce pays ami, le déchainement de haine qui anime les médias marocains contre l’Algérie.

Mais je reste convaincu que le lecteur serbe, dont la capitale du pays, Belgrade, reste pour les peuples africains, l’un des symboles de la lutte anti coloniale, aura, de lui-même, sans doute, relevé l’absurdité des propos de l’ambassadeur du Maroc.

De toutes les façons, cette campagne de propagande, quelle que soit sa virulence, encore moins les déclarations de l’ambassadeur du Maroc à Belgrade, ne saurait faire dévier l’Algérie de ses convictions, ni porter atteinte à l’amitié profonde que le peuple algérien nourrit à l’égard du peuple frère du Maroc avec lequel il partage, non seulement une frontière, mais une histoire commune et un destin commun.  

Mise au point publiée dans Politika du 3 août 2020

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