Cher Professeur, cher ami,
L’agence marocaine de presse (MAP) vous attribue dans une dépêche publiée le 19 novembre 2020, des propos sur la situation au Sahara Occidental qui suscitent mon interrogation et mon étonnement.
Je vous écris d’abord pour m’enquérir de la véracité d’une telle déclaration, parce que je dois vous dire que je doute de l’honnêteté de cette agence, rompue aux techniques de la manipulation et du mensonge.
Par ailleurs, connaissant la rigueur de Institut de Politique et d’Economie Internationales de Belgrade dans la recherche et dans l’analyse scientifique des questions politiques et économiques internationale, cette institution qui m’avait fait l’honneur de m’inviter à donner une conférence, j’ai, de ce fait, également des doutes que ces propos rapportés par la MAP soient vraiment les vôtres en raison de leur platitude et de leur parti pris.
Je ne vais pas vous rappelez la genèse de ce conflit que vous connaissez sûrement.
Je rappellerai juste que Le Sahara Occidental est un territoire non autonome reconnu comme tel par les Nations Unies, et que le conflit résulte de la non-application de la doctrine des Nations Unies en matière de décolonisation.
La Minurso a été créé en vue d’organiser un referendum à la suite du cessez le feu entre le Maroc et le Polisario en…1991.
Il y a plus de quarante ans que le peuple sahraoui attend l’application du droit international. Il y a plus de quarante ans que tous les efforts de règlement de la communauté internationale se brisent devant l’entêtement du Maroc, menaçant la paix et la sécurité de toute la région.
Le regain de tension de ces derniers jours résulte du statut quo injuste imposé aux sahraouis et d’une violation du cessez le feu par le Maroc en ouvrant une brèche dans une zone considérée comme une zone tampon par les accords de cesser le feu de 1991, signés sous l’égide des Nations Unies.
Vous estimez que » cette opération s’est déroulée dans le respect des civils et sous le regard attentif de la Minurso », selon les propos qui vous sont attribués par la MAP. Cela est un langage de militant politique plus que celui d’un expert en droit humanitaire qui doit fonder ses analyses sur des rapports dûment documentés, établis par des organisations humanitaires qui effectuent leurs enquêtes sur le terrain.
Je m’étonne en effet qu’un expert en droit humanitaire puisse se féliciter d’une action militaire contre des civils qui manifestent pacifiquement contre des forces d’occupation.
Concernant le détournement de l’aide humanitaire, j’aimerais bien connaitre vos sources. Vous citez mon pays en termes négatifs que je ne peux accepter laissant croire que l’Algérie est complice de ces détournements.
Je vous renvoie, à ce sujet, aux déclarations de Janez Lenarčič, Commissaire européen à la gestion des crises, qui a balayé ces accusations qui n’existent que dans l’esprit de ceux qui vous ont briffé, en vous rappelant que plusieurs ONG internationales d’aide humanitaires sont présentes à Tindouf et que les camps des réfugiés sont ouverts à la presse internationale. Ce qui n’est pas le cas des territoires contrôlés par le Maroc.
En tant qu’expert en droit international humanitaire, vous savez bien que les camps de réfugiés à Tindouf sont sous la supervision du Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies et que plusieurs organisations humanitaires sont présentes in situ.
Je crois que l’impartialité et la crédibilité d’un expert exigent de lui , de se pencher de l’autre côté du mur, où aucune organisation humanitaire n’est autorisée à s’y rendre, pour constater les atteintes aux droits de l’Homme que subissent quotidiennement les militants sahraouis.
Vous estimé que le Polisario a violé la souveraineté du Maroc, mais vous semblez ignorer que ni les Nations Unies, ni l’Union Africaine, ni l’Union Européenne n’ont reconnu la souveraineté du Maroc sur ce territoire, à moins que l’ouverture de consulats factices constituent des arguments juridiques au regard du Droit international que vous connaissez mieux que moi sans doute.
Je n’ose pas croire qu’un expert en droit humanitaire puisse accuser le Polisario de violation du droit international, alors qu’il n’a pas cessé de demander l’application des résolutions des Nations Unies depuis plus de quatre décennies.
La défense des droits de l’homme consiste, d’après ma compréhension de ce concept, de lutter pour la justice, le respect de la dignité humaine, la liberté et la paix. Ce sont là justement les aspirations légitimes du peuple sahraoui et ce sont les motivations des véritables défenseurs du droit humanitaire qui soutiennent ses revendications.
Encore une fois je doute que vous soyez l’auteur de ces inepties rapportés par la MAP, qui sont loin de refléter la hauteur de vues et la perspicacité des universitaires que j’ai eu à connaitre à l’Institut de Politique et de l’Economie Internationales de Belgrade.
Si vous avez été victime de manipulation mal intentionnée, je ne vous en tiens pas rigueur.
Avec mes amitiés.
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